Pensées srilankaises

Chères amies, chers amis,

Notre voyage de deux mois et demi au Sri Lanka a pris fin. Ce voyage était principalement axé sur la préparation d'un prochain film, mais j'ai tout de même pu immortaliser quelques moments et scènes en photos.

Je vous propose une série d’images, non pas comme une collection, mais comme un ensemble qui prend sens dans sa globalité et qui, pour moi, va au-delà de simples souvenirs. Ces photographies parfois plus symboliques qu’esthétiques sont le reflet de réflexions, d'émotions, de moments de vie qui ont marqué mon esprit. Peut-être en trouverez-vous certaines trop moralisatrices, ce qui n'est aucunement mon intention, ce sont ici mes propres questionnements qui sont mis en lumière.

Chaque image est un élément d'un puzzle, et c'est en les reliant, en les regardant sous différents angles, qu'un message se dessine. Belle découverte à vous.

Les sourires chaleureux des Srilankais et la nature luxuriante du pays étaient une invitation évidente à la découverte. Comme l'eucalyptus qui se débarrasse de son écorce, le voyage m’invite à me transformer en me livrant à l’autre, car il tient toujours sa promesse de rencontres.

D’abord la rencontre avec moi-même lorsque je sors de ma zone de confort, du connu. Je me sens parfois fragile et vulnérable et je souhaite aussitôt me retrancher sur moi-même, ou au contraire, je ressens une expansion de joie à vouloir embrasser chaque instant de la magie de la vie.

Puis vient la rencontre avec l’autre, une danse parfois timide, parfois évidente. Certaines, harmonieuses, me réconfortent, d’autres, plus chaotiques, me bousculent où m’apeurent. Mais toutes, sans exception, sont riches d’enseignement et ne sont peut-être que le reflet de ce qui se trame à l’intérieur de moi, comme un miroir que l’on tiendrait face à soi. Chaque expérience me façonne, laissant son empreinte indélébile.

Le voyage est donc bien plus qu'une simple escapade, c'est aussi un véritable vecteur de questionnements. Il me pousse à m’interroger sur mon besoin d'ailleurs, qu’il soit dans un cadre professionnel ou privé, sur ce qui me motive à quitter mon quotidien pour explorer de nouveaux horizons.

Cette source d'enrichissement émotionnelle n’est néanmoins pas sans conséquences, que ce soit sur le plan économique, environnemental, culturel, etc. Il est essentiel pour moi de trouver un équilibre, de peser le pour et le contre, d’avoir une démarche et une intention sincère, guidées par le respect, la curiosité et l'ouverture.

Les thématiques de fond quant à elles, viennent souvent à moi par le biais d’images ou de rencontres.

Sam et moi avons entamé ce voyage par dix jours de silence lors d’une retraite de méditation Vipassana, une immersion profonde dans l'enseignement de Siddhartha Gautama (le Bouddha). Dix heures de méditation par jour pour me recentrer et me reconnecter à moi-même.

Jour après jour, nous nous sommes concentrés sur notre souffle qui entre, qui sort, pour aller toujours plus profondément dans les sensations corporelles et nos pensées, sources de toutes nos réactions et automatismes. Nous apprenons ainsi à les observer sans jugement, sans réaction, de manière équanime, ce qui nous conduit vers un apaisement physique et psychique.

L’image de gauche a été prise au Cave temple, ou temple d’or, un site classé patrimoine mondial de l’UNESCO. Ces grottes troglodytes sont richement décorées et contiennent des dizaines de représentations de Bouddha en peinture ou sculptures.

Symboliquement, j’ai aimé ce voile devant cet alignement de Bouddha qui représente notre propre voile face à la réalité, et qui s’est peu à peu tissé par nos croyances, notre éducation, nos conditionnements, nos peurs.

La photo de droite était inespérée. Certains jours les doutes sur le chemin sont plus présents et chaque pas semble plus lourd que le précédent. Le voyage est un amplificateur d’émotions, il peut révéler à la fois nos incertitudes et nos aspirations.
Soudain, une loi universelle, plus forte que tout, vient nous rappeler à l’ordre et nous dire de faire confiance dans la vie.

Après plusieurs heures de route où notre cher ami, le mental, a pris trop de place, se dévoile dans la courbe d’un virage, ce paysage irréel.

Alors que nous sillonnons les plantations de thé, face à un des plus hauts sommets du Sri Lanka, le Adam’s Peak, des rayons de lumière viennent me murmurer : « Tout va bien ».

En cet instant suspendu, les préoccupations s’éclipsent et laissent place à une profonde connexion avec l’instant présent.

Telle une illusion d’optique, notre perception du monde matériel est parfois biaisée par notre mental, nos sens, nos émotions. Ce voile de l'illusion, aussi appelé Maya, est un concept présent dans différentes traditions spirituelles, comme le bouddhisme ou L’hindouisme.

Pour percer ce voile et remettre en questions nos perceptions habituelles, la méditation, la réflexion ou le silence intérieur sont autant d’outils à notre disposition pour développer de la conscience de soi.

Je profite de cette thématique pour vous conseiller quelques documentaires sur le sujet de Daniel Schmidt : Samadhi I à 3 en lien ici.

Les temples bouddhistes, les stupas et les statues de Bouddha sont omniprésents dans le paysage sri lankais.

Nous avons eu la chance de passer le 1er janvier à Anuradhapura, un site sacré du pays. Des milliers de pèlerins venaient se recueillir autour du stupa Ruwanwelisaya qui contient des reliques de Bouddha. L’atmosphère était un mélange de spiritualité et de joie. Dans l’air parfumé d’encens se mêlaient des vœux murmurés, des prières, des chants sacrés avec toujours ces statues de Bouddha, dont l’observation invite à la paix intérieure malgré le tumulte extérieur.

À gauche l’arbre de la Bodhi (Bodhi Tree ou Bo Tree) se reflète dans l'eau. C’est sous cet arbre que Siddhartha Gautama atteignit l'illumination et devint le Bouddha il y a environ 2500 ans. Sur cette île, les arbres de Bouddha se comptent par milliers. Ils sont souvent protégés avec soin et portent à leur pied une statuette.

À droite, les chauves-souris, créatures de la nuit, dorment le jour. Elles symbolisent peut-être notre propre cécité, notre incapacité à voir la réalité telle qu'elle est. Elles nous invitent peut-être aussi à explorer nos propres ténèbres, à plonger au cœur de nos peurs et de nos doutes, pour enfin trouver la lumière même dans la nuit.

Sur ces quelques réflexions déposées en toute confiance je vous dis à très bientôt pour la seconde partie.
Très beau weekend à toutes et à tous,
Céline

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Pierre

S’interroger sur son besoin d’ailleurs, c’est permettre de se voir de plus loin, de plus haut, pour mieux se sentir soi quand on revient.

Céline

Oh que c’est bien dit Pierre! Merci beaucoup pour ta visite et ta perspective sur le sujet 🤗

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