Il est midi. Chefchaouen, ville bleue du Maroc, s’offre à moi depuis cette terrasse de café. Mon thé à la menthe est en train de refroidir et me laisse ainsi le temps de vous écrire ces quelques lignes.
Le décalage avec la série photo que je vais vous proposer est saisissant. Ici, la frontière entre les maisons bleues et le ciel est à peine perceptible. Les odeurs virevoltent tout autour de moi sans se laisser capturer plus de quelques secondes. Les voix des muézins rebondissent sur les murs, se renvoyant des messages que je ne comprends pas.
Sam et moi sommes en route avec Scoubi depuis quelques semaines maintenant. Alors que nous prenions la direction du Maroc, nous avons souhaité découvrir l’Ariège et la région pyrénéenne.
Quel bonheur de traverser des zones forestières pendant la saison automnale, et plus encore, lorsque la forêt est mûre de ses couleurs les plus chaudes, juste avant sa décroissance et son repos saisonnier. Je connais la fugacité de ces saisons, parfois trop précoces, parfois trop tardives.
Mais ce jour-là, la chance du photographe a opéré.
Nous empruntons une route étroite qui traverse la forêt du Caplong, une zone de protection des grands tétras. Le brouillard a décidé de faire la grasse matinée et m’a ainsi laissé le temps de me glisser dans cette strate blanchâtre, déposant un voile d’humidité sur mon visage.
Nous autres, photographes et passionnés de nature aimons ces moments de transitions de saison. Nous sommes alors nombreux et enthousiastes à capturer des images et les partager, dans l’espoir de faire gouter aux autres cette magie éphémère.
J’ai bien conscience que l’on est inondé de photographies automnales sur les réseaux sociaux et je me questionne alors sur cette profusion d’images, qui pour certaines sont exceptionnelles. J’ai parfois (souvent) un sentiment d’impossibilité à transmettre tout ce que je ressens lorsque je suis moi-même sur le terrain et plus encore en forêt. Elle affirme d’autant plus son caractère sauvage, difficile à figer dans un cadre.
Au fur et à mesure du tri je me rendais bien compte que je n’étais pas objective. Que l’expérience sensorielle vécue était bien plus intense que la beauté des images.
Certaines personnes pourront éventuellement se laisser traverser par des émotions, d’autres y verront simplement quelque chose de figuratif, de flou, de brouillon, d’autres seront sensibles à la palette de couleurs, et certains n’arriveront pas du tout à entrer dans mon univers.
Alors il m’a fallu lâcher et accepter que ces images sont avant tout un voyage intérieur, une communion intime avec le végétal.
Je décide donc de revenir à la simplicité, qui n’est autre que le bonheur de poser ces quelques mots ici, et de vous mettre à disposition ces quelques photos, d'une mystérieuse forêt aux vapeurs végétales.
Belle promenade à toutes et tous,
Bien amicalement,
Céline
