Cahier de vacances
Lui, les chèvres, il connait, il maîtrise, il sait faire. Il s’en occupe depuis tellement longtemps ! Sûr de lui, déjà un vrai berger. Mais ce n’est pas simplement un travail, les chèvres, un travail ce serait aller chercher du bois, ramener de l’eau, réparer une clôture. Les animaux, c’est vivant, ça réagit, il faut les comprendre, il faut savoir faire attention à elles, les emmener où l’herbe est la meilleure. Si on va toujours au même endroit, c’est plus simple, mais l’herbe n’a pas le temps de repousser tranquillement, elle est plus dure, moins agréable pour s’allonger dedans avec les mains sous la tête pour regarder les nuages. Alors sûrement moins agréable à manger aussi ! Ne pas oublier qu’il leur faut de l’eau aux chèvres. Pas juste une flaque pleine de boue, de la bonne eau qu’on aurait envie de boire nous-mêmes, bien fraiche et transparente. De l’eau qui fredonne sur les cailloux en sautillant comme les filles qui se promènent en chantant et en se tenant par le bras. Mais c’est fatigant de s’occuper des chèvres. Il faut souvent aller les rechercher quand elles s’éloignent, elles sont curieuses et elles ont envie d’aller voir ailleurs, c’est normal, mais elles ne se rendent pas compte que c’est dangereux, qu’elles peuvent se faire dévorer si elles ne sont pas dans l’enclos le soir. Mais une fois qu’elles sont toutes rentrées, il peut faire ce qu’il veut, elles n’ont plus besoin de lui. Alors il en profite pour aller se promener, pour tailler des bâtons et souvent, pour aller parler avec E. qui habite à côté et qui raconte si bien des histoires qui font rêver.
Maintenant, elle sait écrire. Elle a appris à l’école. Alors, quand il n’y a pas école, pour ne pas oublier, elle continue à écrire. Pour ne pas perdre l’écriture et la lecture. L’écriture c’est surtout pour les lettres qu’elle peut envoyer à sa grande sœur qui fait des études en ville. Et la lecture, c’est pour les lettres bien sûr, mais aussi pour les livres qu’elle emprunte à la bibliothèque ambulante qui vient sur le chameau. Pas question de perdre tout ça. Alors elle écrit. Elle écrit tout ce qu’elle voit, la vie de tous les jours, les bêtes, la cuisine, la famille. Elle écrit son monde. Elle écrit aussi le monde d’avant que lui raconte sa grand-mère, le monde d’avant les voitures, d’avant l’essence qui sent si mauvais et qui est si dangereuse quand elle s’approche du feu. Elle a essayé de dessiner aussi, elle a voulu faire le portrait de sa grand-mère, parce que c’est elle qui bouge le moins avec ses jambes qui sont si fatiguées. Mais le dessin ne lui a pas plu du tout. Alors elle a fait le portrait de sa grand-mère avec des mots. Elle a écrit la couleur de ses habits, la petite lumière dans ses yeux, les rides sur son visage qui font comme une carte de son pays à elle, à l’intérieur, son pays du dedans, celui de derrière ses yeux. Elle a écrit l’odeur du cou de sa grand-mère quand elle la prend dans ses bras les jours où elle est triste.
Et parfois, elle écrit un peu plus loin que son monde à elle, juste pour voir, comme quand on prend l’autre chemin, celui qu’on ne connait pas, celui qu’on n’a jamais pris. Quand elle écrit des choses comme ça, elle n’ose pas trop les montrer, elle n’en parle qu’à L. le berger des chèvres qui habite à côté. Lui il ne rigole pas quand elle raconte des histoires de nuages qui vous emmènent visiter le monde.
Juliette Derimay
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Chers visiteurs,
L'atelier s'est permis de prendre quelques semaines de vacances 🙃.
J'ai le plaisir de vous proposer ces deux nouvelles images pour réveiller votre plume.
Nous nous réjouissons de vous lire et encore un grand merci à Juliette pour la légèreté de son texte.
Je profite de cette occasion pour vous informer de la mise en ligne de son nouveau site d'écriture (https://www.les-enlivreurs.fr) ainsi que de son projet photo-écriture avec Nicolas Orillard Demaire (https://www.les-enlivreurs.fr/category/blog/).
Belle suite estivale à toutes et à tous.
Céline
Sayana
Maman était en train de me laver les cheveux lorsqu’ils sont arrivés. Je tourne la tête pour découvrir nos nouveaux hôtes. Le savon me brule les yeux, mais j’arrive à entrapercevoir à travers mes mèches de cheveux la porte arrière qui s’ouvre. Apparaissent tour à tour trois grands hommes et trois femmes avec chacun un grand sac sur le dos. Les mains chargées, ils pointent des instruments dans ma direction et clac clac clac … une succession de claquements secs, comme le crépitement d’un feu, mais sans étincelle.
J’entends une quatrième femme crier quelque chose tout en sortant du fin fond du véhicule. On dirait qu’elle donne des ordres et n’a pas l’air très contente. Le groupe se fige et la regarde, sauf un monsieur, qui continue à m’envoyer des étincelles en s’approchant toujours plus. Finalement ils rangent tous leur matériel et viennent successivement saluer maman.
Bayarlaa
Lorsque j’ai vu le van s’approcher au loin j’ai commencé à pédaler à plein régime pour rejoindre la yourte et arriver avant eux. Je m’impatientais de les voir arriver. Haletant et joyeux, j’ouvre grand les yeux et suis attentif à tout ce qui se passe. Je n’ai vu que quelques rares films chez mon oncle qui possède une petite télévision placée au fond de la yourte, et aujourd’hui, j’ai l’impression que je suis dans une de ces scènes, devant ma yourte !
La porte du van s’ouvre et les acteurs sortent un par un. Armés de matériel que je ne connais pas et qui ressemble à des fusils ayant pris de l’embonpoint, ils se pressent et se placent judicieusement en rang en face de nous, comme s’ils allaient lancer un assaut. Puis tout retombe d’un coup, comme un arrêt sur image, lorsqu’une dernière femme sort du van en leur criant quelque chose. Sayana reste la star quelques secondes encore, puis ils rangent leur équipement et viennent vers nous. Quel dommage, la scène était parfaite.
Sayana
Après ces présentations, maman les invite à entrer dans notre yourte. Le premier trébuche sur le seuil de la porte avec ses grosses chaussures. On dit ici que cela porte malheur. Le second fait plus attention, mais se cogne la tête sur le haut de la porte. Aïe, j’avais mal pour lui, car d’après l’expression de son visage cela a dû le secouer. Peut-être même a-t-il vu des étoiles. Les suivants feront de leur mieux, mais ne trouveront pas encore cette ondulation du corps que l’on a ici et qui est nécessaire pour passer la porte avec délicatesse.
Les têtes encore baissées, ils circulent maladroitement dans la yourte comme des insectes qui cherchent leur chemin. Ils entrent par la cuisine, à droite, alors que l’on doit circuler par la gauche. Une personne passe entre les deux poteaux centraux, près du feu. Je me crispe parce que j’ai peur que les esprits n’apprécient guère, en espérant qu’ils ne se formaliseront pas trop et qu’ils leur pardonneront.
Bayarlaa
J’attends toujours ce moment du premier passage dans la yourte avec impatience. Avec le temps on a appris à en rire, sauf Sayana qui tente un sourire en coin. Je vois bien qu’elle n’est pas à l’aise. Pourtant, c’est toujours un moment pour détendre l’atmosphère, car mes parents et moi transmettons nos éclats de rire et rares sont ceux qui se vexent vraiment.
J’adore aussi la liberté qu’ils prennent de se déplacer dans la yourte. Qu’est-ce que j’aimerais passer entre les deux piliers centraux ? Moi je me fais toujours gronder par les parents lorsque j’essaie. Ils me disent alors que les invités ont le droit, parce qu’ils ne savent pas comment se comporter avec les esprits, alors que moi, oui.
Sayana
Une fois qu’ils sont tous assis au fond de la yourte sur le lit ou les petits tabourets, maman vient déposer diverses aliments et boissons sur la table basse : beignets, petits fromages secs, bonbons, thé, lait de jument fermenté.
C’est la prochaine épreuve pour les voyageurs. J’ai toujours beaucoup de peine à voir leur visage se décomposer lorsque le bol, rempli de lait de jument fermenté, commence son tour de table. Certains y trempent simplement leurs lèvres, je vois bien qu’ils ne boivent pas pour de vrai. D’autres, pour ne pas perdre la face, avalent une ou deux gorgées, en se disant qu’ils seront tranquilles pour un moment. Ils ne savent pas encore que chaque fois que le niveau baisse, maman remplit le bol, jusqu’à en finir la grande Thermos.
Bayarlaa
Je m’assois en face d’eux pour mieux les observer, et aussi, je l’avoue, pour être plus proche de la table et piocher dans le bol à friandises et petits gâteaux. J’admire leur courage de voyager dans le ciel, de survoler toutes ces montagnes, ces déserts, ces lacs, ces rivières, ces mers pour venir jusqu’à nous. Je ris intérieurement lorsque je vois leur visage se rider en buvant leur premier bol de lait et en même temps je me régale, car les tours de table durent une éternité.
Dans le lot, il y en a toujours un qui veut vaillamment croquer un bout de fromage, mais ici il est tellement dur qu’il vaut mieux le ramollir avant en le suçant ou le trempant dans le lait.
Sayana
Après ce premier contact, maman leur montre leur yourte. Pendant tout le séjour, ce sera pour certains le même cérémonial douloureux pour y entrer … seuil de porte, montant de porte ! Un jour, il y avait même un monsieur qui avait le haut du crâne écorché à force de se cogner.
Les jours qui suivent, je les observe d’abord à distance, mais il y en a toujours un qui finit par m’inviter à me rapprocher. Dans leur yourte, il y a de gros sacs, si gros qu’ils ne passent pas sous les lits et on a du mal à circuler. Dans leurs sacs, il y a d’autres petits sacs, des pochettes, des étuis, des sachets. Je me demande comment ils font pour savoir ou chercher leurs affaires, il doit y avoir une histoire de taille et de couleur. Ils déballent tout, puis remballent tout dans le gros sac, mais cette fois-ci, celui-ci ne se ferme plus.
Bayarlaa
J’ai la chance de pouvoir venir jouer dans leur yourte. J’adore voir toutes leurs affaires trainer par terre et sur le lit, c’est comme un grand marché. Parfois, je m’assois à leur côté et ils me décrivent, dans une langue que je ne comprends pas, tout ce à quoi cela sert. Ils ont des billes à mettre dans les oreilles et des masques à poser sur les yeux. C’est comme un jeu de les regarder, ils déballent, ils remballent. Certains sont meilleurs que d’autres, calmes, posés, organisés. D’autres tournent en rond, cherchant désespérément quelque chose, sous le lit, sous la couette, sous le matelas. Alors je les aide et nous rigolons.
Sayana
Le soir, nous nous retrouvons tous dans notre yourte familiale pour le diner. La plupart des voyageurs ont apporté des petits cadeaux. Des stylos, pleins de stylos. Mais que va-t-on faire de tous ces stylos ? C’est pourtant grâce à eux que je peux écrire dans mon carnet aujourd’hui. Maman les remercie et les met dans une grande boite, sous le lit.
Papa aime sortir la bouteille qui est cachée sous le lit, elle aussi. Il sert un petit verre à chacun, enfin pas tous. Les guides et chauffeurs se joignent à nous et l’on se sent plus en famille. Je ne comprends pas pourquoi cette fois-ci ils arrivent à boire aussi vite et d’un seul coup. Les pommettes rougissent, les langues accélèrent, mais je suis toujours inquiète pour eux, car je vois l’intérieur de leurs yeux devenir rouge et brillant, et je vois même le fond de leur gorge vibrer lorsqu’ils rigolent.
Bayarlaa
Le soir est toujours un grand moment, et j’espère découvrir de nouveaux stylos de couleurs différentes, avec des personnages ou des animaux, des lettres, des mots. Il y en a tellement dans la boite que maman ne voit pas lorsqu’il en manque un ou deux, alors tous les mois, lorsque nous allons au village, j’en prends avec moi pour les échanger contre des bonbons avec les copains.
Papa sort sa bouteille de vodka, les tours de table sont plus rapides cette fois-ci, les langues se délient et j’adore voir la lueur de l’ampoule se refléter dans leurs yeux. Ils sont détendus, ils rient, ils chantent même, tour à tour. Ces soirs-là, nous nous couchons beaucoup plus tard, et ils ne sentent même plus les passages de porte.
Sayana
Ça y est, ils sont partis.
Le silence est revenu et les bêtes le sentent aussi. Elles sont plus dociles le matin à la traite, car ce n’est que maman et ma sœur qui s’en occupent.
Antoine doit être content de lire ces histoires, même si j’ai mis beaucoup de temps à les écrire. Lui adore en raconter aussi, alors peut-être qu’il pourra à son tour raconter comment cela se passe chez nous!
Bayarlaa
Ils sont partis, je suis triste. J’aimais ce tourbillon de paroles sous la yourte le soir et le matin. Et quels éclats de rire lorsqu’ils étaient aspergés de lait chaud tout juste sorti de la pie de nos yaks ou de nos chèvres. On aurait cru qu’ils le faisaient exprès de viser ailleurs que dans le seau. Les bêtes sont plus calmes maintenant, mais moi je m’ennuie.
Émouvant d’avoir l’envers du décor, merci Céline !
Merci Juliette, des histoires il y en aurait des dizaines … je suis restée dans le politiquement correct :).
Eh eh, chouette. On y est vraiment sous la yourte. Parfaite description et on peut tous se reconnaître en voyage quand on se croit être des Terriens d’aventure. Mais bon sang de bonsoir, lequel est Frédéric Lopez !?
Merci Pascal, on pourrait évidement écrire un livre sur le voyage et ses voyageurs. Et comme tu le dis, on peut tous se reconnaitre ici (il y a sûrement quelques passages d’autobiographie, que j’ai déguisé … en faisant porter le chapeau aux autres voyageurs ;).
Tellement intéressant et enrichissant de voir nos conditionnements, nos rituels et nos habitudes. J’adore en rire!
De mon point de vue, le personnage féminin qui intervient pour empêcher le mitraillage, c’est… toi 🙂 Ceci dit, vu l’ambiance sanitaire actuelle, le voyage apparaît comme une denrée rare.
C’est tout juste … un souvenir marquant puisque c’était mon premier voyage et ma première famille. Je ne m’attendais pas à cela, autant dire que le briefing a eu lieu tout de suite après pour les jours suivants ;).
[…] Et pour lire les textes des autres participants à cet atelier, c’est ici : http://celinejentzsch.com/faites-parler-les-images-16/ […]
— Cesse de bouger, lança la petite fille.
Elle semblait si sérieuse penchée sur son carnet de dessin. Si courbée que le nez en touchait presque la feuille, que ses couettes, si le vent le décidait, pourraient s’emmêler dans la spirale.
— Prend garde, tu vas t’abimer les yeux, lui lança le petit berger qui semblait s’ennuyer, assis face à elle sur son enclos de bois.
— Il me faut voir les détails, rétorqua-t-elle.
— Quels détails ?
— Le nombre de cornes.
— Es-tu bête ? Deux cornes par chèvre, c’est comme ça depuis la nuit des temps.
— Mais tes chèvres ne cessent de bouger et les cornes s’enchevêtrent sur le papier.
— Mes chèvres sont libres, c’est ce qui fait la qualité de leur lait.
— Libres peut-être mais franchement elles manquent de couleur. Toi aussi d’ailleurs. Tu es un berger gris.
— Tu ne voudrais pas faire preuve d’amabilité.
— Je suis une artiste en couleur mais toi, tu vis dans le monde d’avant.
— C’est quoi le monde d’avant ?
— Quand j’utilise les couleurs de mon stylo, tu apparais gris sur le papier, tout comme tes chèvres et le paysage qui vous entoure. Donc tu fais partie du monde d’avant.
— D’avant quoi ?
— D’avant le Coloravirus.
— Le quoi ?
— Le coloravirus. Ça se balade au gré du vent et ça se pose n’importe où sur la peau. Et celui qui l’attrape devient gris dans un paysage gris.
— Donc triste ?
— Ça je ne sais pas, toi seul peux le dire.
Laissant planer un silence, le petit berger semblait soucieux. Puis il reprit la parole.
— Et passer du monde d’avant au monde d’après, c’est possible ?
— C’est très difficile. Faut d’abord se confiner sous la yourte pendant des semaines. Puis au retour dans la steppe faut se masquer longtemps, longtemps, longtemps.
— Ah… J’avais bien un vieux masque de cérémonie mais une chèvre l’a dévoré. Elles mangent tout et n’importe quoi.
— Dommage pour toi. Moi mes parents ont anticipé. Ils avaient fait venir des masques de Chine. Ils portent des bleus comme le ciel ou des jaunes comme le soleil, pour rester toujours élégants.
— Et donc tes parents, ils vivent aussi dans… le monde d’après ?
— Bien sûr.
— Mais à part la couleur, ça change quoi pour eux d’être dans le monde d’après ?
— Avant ils allaient tous les jours travaillé à Boulotan-Bator, je te raconte pas la fatigue et les embouteillages pour traverser la steppe. Alors que maintenant, ils travaillent en télé-bator dans leur yourte secondaire.
Assis sur sa barrière, le petit berger avait besoin de temps pour digérer toutes ces informations. Puis dans un soupire, il lâcha,
— J’aimerais tant passer dans le monde des couleurs.
— Faut te faire vacciner, affirma-t-elle d’un ton péremptoire sans quitter des yeux son carnet.
— Ça consiste en quoi ?
— Deux injections, à deux semaines d’intervalle.
— Je déteste les piqures.
— Non seulement tu es tout gris mais en plus, pas très courageux.
— Facile pour toi, tu es du bon côté… Des injections de quoi ?
— La première contient une bonne dose de rêve et la seconde délivre une dose d’imagination. Il faut les deux pour voir la vie en couleurs.
— J’achète. Ça vaut combien de chèvres ?
— Ça ne s’achète pas.
— Tout s’achète.
— Pas le rêve et l’imagination.
— Je comprends… Au fait, ça fait mal ?
— Parfois l’imagination torture un peu mais si on en est privé, on fait toujours le même rêve et du coup, on peut replonger dans le monde d’avant.
D’un coup d’oeil, le petit berger vérifia que ses chèvres restaient en troupeau, puis il se retourna vers la fillette toujours concentrée sur son dessin.
— Et après les deux doses, il se passe quoi ?
— Après on te délivre un pass magique qui t’autorise à voyager en couleurs dans toute la steppe.
— Il ressemble à quoi ton pass magique ?
— C’est comme un labyrinthe de plein de petits carreaux imbriqués.
— Tatoué sur la peau, demanda-t-il effrayé ?
— Mais non imbécile, t’es vraiment du monde d’avant. Le pass magique apparaît sur le téléphone portable.
— Et forcément, il est en couleurs !
A ces mots, la petite fille leva les yeux de son carnet. Si sûre d’elle même jusqu’à présent, elle sembla soudain perplexe.
— Heu non, c’est bizarre… il est en noir et blanc.
Une actualité qui déteint… et malgré le mot rose qui nous envahit gardons le moral et savourons le mojito qui nous enivrera pour nous entourer d’un arc en ciel de couleurs parfumées
Santé.
Antoine
Merci Antoine. Ton commentaire me rappelle un voyage à Cuba 🙂
🌈 Excellent !
Quelle jolie manière d’apporter de l’humour dans le contexte quotidien.
C’est léger, drôle et cela fait beaucoup de bien de prendre un peu de hauteur.
Bravo et surtout merci Pascal.
Merci beaucoup Céline. Toujours autant de plaisir à écrire sur tes propositions. J’avais déjà traité sur une de tes photos le thème de l’écriture et de la transmission. Je n’avais pas envie de me répéter, alors suis parti cette fois sur l’opposition couleur contre noir et blanc.
Et c’était vraiment une belle idée d’utiliser les couleurs (c’était un peu mon intention aussi en publiant ce dytique). J’avais un début d’histoire, à voir si j’arrive à prendre un moment pour me relier à vous et si l’inspiration est suffisante.
Pour poursuivre sur ‘arc en ciel, je partage un texte écrit sur mon travail et les couleurs: Tel un potier, me voilà travailleur des mots. Ah ! ces maudits mots que je pétris et même contrepèterie, ces mots que je tourne dans tous les sens, un carburant pour moi. Après un tournage de grès ou de force, j’aime quand mon pote rit de mon pétrissage de mots, de mon polissage. Je souhaite qu’il n’y soit pas réfractaire. Je m’installe à mon tour et avec l’émotion et ma palette je vais à la rencontre de ce monarque… en ciel fait de ces couleurs qui nous surprennent. Je peins, je dépeins, je transforme ce morose qui ne manque pas de piquant, puis je me mets au vert, dégustant une orange. Pas de quartier pour moi qui manque un peu de jus, mais on me presse de terminer ce tableau pour mon abri côtier…J’en rougis . Pour moi ce sera ce mât noir et pour Bernard, buffet… Nous en profitons pour accrocher cette œuvre qui sera le clou de la soirée. De la couleur que diable, Monsieur le monarque en ciel…
Merci Antoine, c’est sympa de sortir du cadre des photos pour rebondir et partager d’autres textes … toujours un plaisir de te lire. Belle fin de semaine.
Sortir du cadre de la photo… je te renvoie la balle pour rebondir. Allons-nous poursuivre cette aventure qui motive à écrire,à partager… peut-être qu’une autre histoire permettra de faire vivre de nouveaux personnages. Au plaisir d’apprécier ton travail
Super ! et à tous les niveaux de lecture, sans oublier les escaliers qui mènent de l’un à l’autre. On lit aussi bien une histoire de gamins farceurs et tendres qu’une satyre de notre monde si compliqué à maîtriser. Sans oublier le clin d’oeil colorimétrique, sûrement destiné à la photographe qui nous accueille si simplement sur son blog 😉
Juliette
Merci beaucoup Juliette. Jolie critique !!! 🥰
Je te rejoins sur tous les points Juliette … et avec plaisir pour l’accueil, en espérant que nos deux plateformes puissent se passer la balle … je rappelle donc ton blog ici : http://www.les-enlivreurs.fr. A bientôt pour la suite.
Sans fausse note…
Il faut que je m’applique, c’est la première lettre qu’il va recevoir, il devrait me reconnaître. J’avais compris, au marché de la grande ville qu’il me portait une attention particulière, lui, le fils du chevrier, comme on l’appelait. C’est difficile de dire , de trouver les mots justes, j’aimerais tant le revoir… allez, je me lance :
« Mon petit biquet », je pense que c’est un petit nom qui lui convient bien, lui le gardien du troupeau de chèvres et tant pis si cela ne lui convient pas il me plaît à moi, il m’appellera peut-être, ma princesse, ma reine ou ma couette…, enfin, c’est lui qui décidera. « Mon petit biquet, je t’imagine au milieu de tes animaux, assis sur les bois de la clôture qui me font penser à cette portée musicale . Tu es la plus belle note, la plus haute, ce n’est pas grave mais j’ai au fond de moi le son de ta voix qui résonne depuis que l’on s’est vu au marché. Tu as la clé pour donner ton accord, il n’y aura pas de fausse note entre nous, je te le promets. Le seul bémol, c’est notre éloignement, c’est bête mais il nous faudra trouver une solution, prendre le taureau par les cornes si l’on veut arriver à se voir régulièrement…. » Voilà maman qui arrive, je tourne la page de mon carnet et lui explique que je m’exerce à bien écrire mais mes joues rougissent et trahissent une forte émotion. « Maman, j’aimerais tellement revoir le fils du chevrier, je pense que je m’entendrais bien avec lui et il est mignon … ». « Toi, ma petite fille, tu es amoureuse mais attends encore un peu, tu dois d’abord bien travailler à l’école, c’est le plus beau cadeau que tu puisses lui faire, nous faire… tu viendras au marché avec nous tu pourras lui parler. »
Rassurée, je referme mon carnet me promettant de lui transmettre mon message lors du prochain marché
Le fils du chevrier pendant ce temps avait le regard porté vers le chemin venant de la ville, la tête dans les nuages, rêveur… elle était belle, j’aimerais la revoir, peut-être sera-t- elle sur la place au prochain marché! Il faut que je travaille si je veux lui écrire et lire ses messages. Moi, chevrier, un peu musicien je suis facile à vivre et aime chanter en gardant le troupeau. Au prochain marché, je la regarderai et lui fredonnerai : Ah! Biquette, biquette… elle me reconnaîtra, j’en suis sûr.
C’est la candeur, la fraîcheur, la pureté, la simplicité, le calme…le partage de nos sentiments…. Tout ce dont nous avons besoin.
Antoine, alias quantinosse
Un pavillon pour l’OUÏE
Avec un départ comme ça, ces deux-là sont bien partis pour nous écrire une longue histoire peuplée de doux sentiments ! Merci Antoine pour cet instant de tendresse
Pour être moins poétique, j’écrirais : bêêê! Ça m’émeut… c’est bête…..
Joli Antoine. Une légèreté qui fait du bien quand amour rime avec toujours.
Juliette, très chouette ton hymne à l’écriture. J’adore le passage sur les mots qui dessinent le portrait de la grand-mère.
Merci Pascal ! Je n’ai pas cherché bien loin pour trouver un thème, mais j’avoue que celui-là me plait tant qu’il mérite bien quelques mots de plus 😉
Merci beaucoup Antoine d’avoir osé remonter le temps pour te mettre dans la peu de ces deux enfants. J’aime beaucoup l’idée des notes musicales. On aimerait connaitre la suite des prochaines rencontres ;).
Trop joli !, comme disent les jeunes. très émue par les images de l’innocence des enfants et le texte de Juliette qui nous amène sur la voie royale de la poésie ! Vive la poésie! vive les chèvres !
Merci pour votre visite Martine. J’aime aussi cette innocente de ces enfants, là ou tout avenir est possible. A bientôt,