Tannerie de Fès

Il fait -20 degrés ce matin à l’endroit où je me trouve actuellement, dans la Taïga finlandaise.

Les arbres qui scintillent ont beau me faire des clins d’œil pour m’inviter à rejoindre la direction du soleil, je n’ai pas envie de sortir du camion !

J’ai soudainement besoin de chaleur, d’odeurs fortes, de couleurs ocres et de présence humaine. Il était donc temps de plonger dans ma photothèque et d’aller y piocher des images qui réveillent les sens.

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« Et Eh ! la Gazelle, prends ces quelques feuilles de menthe ! »

Dans une étroite ruelle de Fès, un homme me tend ardemment ce brin aromatique. A croire qu’il me sera vital avant de pouvoir continuer mes vagabondages dans la Medina.

« Suis-moi. C’est la plus grande tannerie d’Afrique ici ». 

Les arguments superlatifs me font toujours sourire. Partout dans le monde ils servent d’appât pour les voyageurs. Je ne suis pas allée vérifier si cette amorce était vraie, mais les images commençaient déjà à fuser dans mon mental. 

Mon euphorie s’effondre lorsqu’il poursuit : « Tu as de la chance, c’est encore les vacances et elle tourne au ralenti ces derniers jours. Il y a beaucoup moins de tanneurs et ta visite sera plus supportable ».

De la chance ? Savez-vous que la chance du photographe diffère parfois de celle du voyageur ? Alors j’essaie aussi souvent que possible de tirer parti du contexte, de m’adapter à la situation et même parfois, dans certaines situations, d’en faire un challenge.

La tannerie tourne au ralenti certes, mais cela libère ainsi l’espace de visite : moins de curieux comme moi offre plus de facilité de déplacement et de cadrages depuis les terrasses. C’est à prendre !

Une brève explication de mon accompagnateur me permet de balayer du regard cette cour intérieure. Après avoir été nettoyées de leurs poils, les peaux sont trempées dans de la chaux, de l’urine de vache ou de fiente de pigeons puis trempées dans différents bains de couleurs. Cette palette d’aquarelle géante ne contiendrait que des produits naturels (serait-ce à nouveau une amorce touristique ?). Le coquelicot pour le rouge, la menthe pour le vert, l’indigo pour le bleu, le henné pour l’orange.

Le brin de menthe à la main, je m’aventure dans cette mosaïque odorante. Il ne m’aidera guère à calfeutrer mes narines et d’ailleurs, comme souvent devant des scènes incroyables, j’en oublie les conditions et les sensations corporelles.

Vous entrez avec moi ?

Bonne visite !

Céline

Note. Je vous propose une nouvelle présentation de la galerie. Pour agrandir la fenêtre, vous pouvez cliquer sur l'icône Plein écran, en bas à droite.

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FloA

Toujours magnifiques tes photos, et qui donnent tellement envie de s’évader… Bon voyage !

Antoine

Belle palette de couleurs, je choisis le bleu pour écrire des mots doux et effacer les nuages, le jaune comme rayon de soleil, le vert comme ces pousses printanières et je terminerais par tracer un arc en ciel qui ne quitterait pas l’horizon et ne s’estomperait que lorsque chacun aura pu retrouver un peu de joie de VIVRE.

Chris

Merci ma belle pour ce joli moment d’évasion.

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