Faites parler les images #7

Surprise !

Voici enfin l'image très attendue par certains d'entres-vous pour ce 7e atelier d’écriture.

(Surprise également pour Juliette Derimay qui anime cet atelier, et qui découvrira cette fois-ci la photo en même temps que vous tous).
Entre temps Juliette nous a offert son texte ci-dessous.

Ceux qui me suivent reconnaitrons peut-être l’endroit et le contexte dans lequel elle a été prise, mais je suis sûre que votre imagination saura dépasser ces limitations géographiques et techniques 😉.

Je me réjouis d'ores et déjà de vous lire.

Bien amicalement,

🖌🖌🖌
Céline

Paradis artificiels

Le 13. C’est mon seau, mon tabouret, mon bateau, celui qui va me rapporter du poisson à vendre pour une fortune. Le 13, c’est mon nombre porte-bonheur. Le boutre va rentrer les cales pleines, la lune est là, elle luit dans son lit.

Voilà pour la face claire. Pour la face sombre, je reviendrai un peu plus tard, il y aura dans un recoin du bateau de quoi faire revivre mes fantômes. Ces petites feuilles vertes comme mon seau marqué du 13, vertes comme ma chemise préférée, vertescomme mon désespoir. Cette herbe qui me prend tout pour me faire revenir quelques heures à peine dans mes paradis artificiels, mes illuminations. À mes côtés il y aura Neemadans son voile rose pâle. Elle aura posé contre sa cheville la bassine assortie à son masque. Elle aura les mains libres pour sculpter sa silhouette et abandonnera sur moi son regard d’amnésie. Elle m’avalera de ses quenottes de nuage, perdues au milieu du sourire que j’ai tant aimé, celui qui tant de nuits m’a englouti.

Plus loin sur la plage, Henry se tiendra un peu à l’écart du groupe, juste à la limite de l’eau, hors d’atteinte de la petite vaguelette domptée par un sirop de zéphyr, elle viendra telle sa mer, se coucher à ses pieds. Ce sera le moment de laver les perles, de les compter, de voir ce qu’il pourra escompter en obtenir, combien et de qui. Ses yeux à lui sont dans les chiffres, il voit jusqu’à sa main, jusqu’à sa poche. Tout ce qu’il y aura après, Henry ne verra pas, il ne voit que lui-même derrière les perles, le café, l’opium et les armes.

Tout ça j’aurais aimé l’écrire, que la vie tout entière puisse passer par mes mots, que mes vers vous déplacent dans le temps et l’espace brodés de sentiments, de senteurs, de frissons, de malheur ou de joie. Mais je ne suis pas poète. Je suis juste maudit. Assis sur cette plage attendant le poisson qui me fera survivre, attendant le poison qui me fera sombrer, ivre comme un bateau.

Juliette Derimay

Faites parler les images #7

Voici le septième atelier d'écriture animé par Juliette avec une nouvelle image.

Si vous souhaitez relire le principe; rendez-vous ici.

"Une succession de mots, une phrase, un ou plusieurs paragraphes, voici l’espace que je vous offre pour vous exprimer ici.

Ma photographie ne comprendra ni lieu ni date, afin de ne pas influencer votre histoire, votre ressenti vis-à-vis de la scène, des couleurs, ou de l’ambiance qu’elle dégage.

Vous pouvez publier de manière tout à fait anonyme en laissant un pseudonyme par exemple. Sachez également que l’adresse email, requise pour envoyer le commentaire, ne sera ni publiée ni diffusée, selon le respect de la loi sur la protection des données (GDPR).

A très vite pour découvrir vos mots.

Céline

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