Faites parler les images #3

Français langue étrangère

- Pour l’écriture, c’est encore plus compliqué. Ça se lit de gauche à droite et de haut en bas. Ils n’ont pas un système comme le nôtre avec une idée qui correspond à un symbole. Regarde. Ils utilisent ce qu’ils appellent un alphabet. C’est vingt-six petits dessins qu’ils appellent lettres et qu’ils combinent entre eux pour faire des mots. Leurs dessins sont bizarres, il y a des ronds, des traits, des rivières, des montagnes, des vallées, des râteaux penchés, des échelles… En plus ça change quand les lettres sont au début des mots, quand on lit ce que quelqu’un a écrit à la main ou si c’est imprimé…. Vraiment pas simple. À la base, c’est un système phonétique, mais ils rajoutent des choses au-dessus des lettres, des accents, qui changent le son, il y a aussi des lettres qu’on ne prononce pas même si elles sont dans le mot ou des associations de lettres qui font des sons nouveaux très compliqués à prononcer. Alors tu vois, avant de commencer à t’apprendre, je voudrais être sûr, savoir que tu es vraiment motivé et que tu vas t’accrocher. C’est difficile le français, tu sais.

- Oui, je sais, Tchang m’a expliqué. Mais il m’a aussi expliqué pourquoi il aime tant cette langue. Moi aussi je veux parler, lire et écrire le français. Il m’a dit que la France était le pays des droits de l’Homme. Il paraît même qu’un jour, un certain monsieur Zola a écrit un article dont le titre était « J’accuse !» pour défendre un homme injustement accusé. L’article est vraiment paru dans le journal, sans être censuré et l’homme a été réhabilité ! Tchang dit aussi que c’est en français que sont écrits les plus beaux textes sur l’amour et les poèmes sur la liberté qui font pleurer. Même les meilleures bandes dessinées sont en français, les auteurs sont Belges, mais ils écrivent dans cette langue. J’apprendrais l’histoire avec les Gaulois, le petit guerrier moustachu et le gros livreur de menhirs. Sans oublier les romans policiers. Agatha Christie et compagnie, c’est bon pour ma grand-mère, mais les polars français, ils parlent de la société mieux que les professeurs à l’université. En plus, on dit que la cuisine française est délicieuse. Sans oublier le vin…

Alors, même si c’est difficile, apprends-moi le français Lu-Hsing. S’il te plaît… *

* En français dans le texte.

Juliette Derimay

Faites parler les images #3

Voici le troisième atelier d'écriture animé par Juliette avec une nouvelle image.

Si vous souhaitez relire le principe; rendez-vous ici.

"Une succession de mots, une phrase, un ou plusieurs paragraphes, 2000 signes maximum (soit environ 400 mots), voici l’espace que je vous offre pour vous exprimer ici".

Ma photographie ne comprendra ni lieu ni date, afin de ne pas influencer votre histoire, votre ressenti vis-à-vis de la scène, des couleurs, ou de l’ambiance qu’elle dégage.

Vous pouvez publier de manière tout à fait anonyme en laissant un pseudonyme par exemple. Sachez également que l’adresse email, requise pour envoyer le commentaire, ne sera ni publiée ni diffusée, selon le respect de la loi sur la protection des données (GDPR).

A très vite pour découvrir votre histoire.

Céline

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[…] Pour lire les textes des autres participants à cet atelier, c’est ici : http://celinejentzsch.com/faites-parler-les-images-3/ […]

Dorothée

« C’est cela qu’ils veulent, mon jeune ami, la carte. L’autre, là, qui t’attend au coin – non, ne le regarde pas – avec sa pose de cow-boy et tout son attirail, son chapeau, son lasso – il prendra soin de toi pendant le voyage jusqu’à la cité sacrée, il est bon et courageux, je l’ai lu dans ses yeux. Mais tu devras faire attention, mille dangers vous guettent, les ancêtres me l’ont dit. Avance le coeur pur et vaillant, n’oublie rien de ce que je t’ai appris : au delà de savoir combattre et marcher, il te faudra savoir donner, et aimer. Reviens-nous vite ».

Juliette Derimay

Oh oui, Dorothée, revenez-nous vite avec la suite de cette grande aventure ! Beau début pour une chasse au trésor, vous pointez une chose très importante : les trésors sont dans les livres (et un peu aussi dans les cartes…).
Merci pour votre participation qui donne un goût de quête à cette image.

Dorothée

Merci Juliette 🙂
Cette photo a réveillé dans mon imaginaire des traces laissées par des histoires d’aventures comme celles Tintin, d’Indiana Jones, Phileas Fogg… que de trésors les livres laissent en nous !
A bientôt pour les futurs « faites parler les images »

Rejean Ouellet

Vois-tu au fil du temps c’est ma vie qui est ainsi résumé, finances, c’est ce qui t’arrivera une fois rendu où j’en suis! Personne n’y échappe! Tu devras te résigner à collecter toute ta vie les moyens financiers pour en arriver un jour à faire un ménage sur ce que tu as besoin et sur ce qui es superficiel dans la Vie!

Juliette Derimay

Livre de comptes ou livre de contes ? Là est toute la question…

Christiane

ses mains ont caressé tant de pages
ses yeux ont lu contes, histoires ou poèmes
sa bonté peint un message de sagesse
son intelligence sculpte un savoir ancestral
et les livres chuchotent les secrets
de la vie d’un homme à sa dernière page
à un autre homme effleurant l’orée de son œuvre de vie

Juliette Derimay

Beau et émouvant hommage à l’écrit qui transmet. Merci Christiane.

Pascal Chambon

— Vois-tu mon fils, il y a ici toute une vie dont je ne t’ai rien dit. Ne cherche pas de début, de milieu, pas même de fil rouge. Ce ne sont que souvenirs en vrac, quelques grammes d’idéaux * couchés sur le papier, calligraphiés les nuits d’insomnie.

— C’était donc ça la chandelle allumée.

— Mes doigts sont déformés et mes coudes grincent à force d’avoir manié le pinceau trop étroit. Regarde ma peau devenue parchemin et mes veines qui ne sont que fleuves bleus. A trop scruter le reflet de l’encre sous la lune, mes yeux sont devenus secs et flous sans jamais avoir immortalisé d’autres paysages que le bout de la rue. C’est la photo d’une vie, ne pas se plaindre du crépuscule qui vient.

— Tu es en pleine santé, Père.

— On croit maîtriser le voyage, c’est une illusion mon fils. C’est le vent qui fait tourner les pages et non l’inverse. Je n’ai que ces cahiers à te léguer. Juste la mémoire d’un homme qui a fait de son mieux.
Quand mes cendres s’envoleront, si tu le souhaites, déplie tes bras, ouvre une page au hasard et lis à tes enfants le soir à la veillée. S’il te plaît, ne fais pas de moi un héros. La dernière page refermée, laisse le temps d’un rêve. Au matin, froisse en boules ma vie griffonnée et rallume le feu du foyer.
Quand viendra le moment, prends une page blanche et à ton tour, écris.

* Jeu de mot honteux, je n’ai pu m’empêcher ☺

Juliette Derimay

Merci Pascal, joli texte sur la transmission, très émouvant. De belles images avec la peau qui se fait parchemin, la vie qui devient histoire quand elle est lue aux enfants et le papier froissé qui allume le feu du lendemain. Quant au jeu de mots, rien de grave tant qu’il n’y en a que quelques grammes, au contraire, le sourire enlève un peu de lourdeur à la solennité du moment.
Votre texte m’a fait penser aux « derniers géants » de François Place. Peut-être la peau devenue parchemin…

Brugger

Regarde mon jeune ami, tu as là sous les yeux le savoir. Je suis vieux,mes yeux sont fatigués, mais rien ne pourra m’empêcher de continuer, sauf la mort bien évidemment. Je peux te transmettre le peu que j’ai appris mais tu dois me promettre,mon jeune ami, qu’à ton tour, lorsque je ne serais plus là, tu transmettra ton savoir à un autre. Il ne faut pas perdre ce que les anciens nous ont enseigné

Juliette Derimay

Merci Brugger, je partage tout à fait avec vous cette certitude de l’importance de la transmission !

Antoine QUESSON alias quantinosse

Sagesse.

« – Tu sais, toi qui cherches du travail, j’ai là dans mon carnet des adresses qui peuvent t’intéresser.
– Je viens du lac gelé, j’ai croisé un motard en panne.
– Garagiste, voilà un métier qui ne fait pas le plein… C’est vrai, tu bosses mais aussi tu décabosses les véhicules. Habile comme tu es, tu devrais y arriver.
– Où dois- je m’adresser ?
– Un garage, près du pôle, emploie du personnel qui a le niveau, qui se contrôle et qui ne se dégonfle pas devant les difficultés. Cà te correspond parfaitement.
– J’aurais bien aimé aussi la pêche. Je ne suis pas manchot, je ne raconte pas de bobard, je ne suis pas un ton au dessus des autres mais je me verrais bien mousse. Je me vois dire du port : Salut, je pars après avoir répondu à une annonce sérieuse mais assez vague. J’amorce ma reconversion.
– Avant de jeter l’encre, tu m’écriras et j’ajouterai ton nom sur mon carnet. J’avais senti qu’il y avait anguille sous roche et qu’à certains moments tu m’avais mené en bateau. Bon vent, mets les voiles mais, arrête si les requins de la société veulent te compromettre, reviens, je t’accueillerai et nous continuerons à nous marrer…
– Ecris un nouveau chapitre, une page se tourne pour moi.
– Aie confiance, crois en toi, va de l’avant et tu réussiras. Quoiqu’il arrive, je serai toujours là, sur ce trottoir je veux être fier de toi. »

Autre regard d’Antoine, alias quantinosse.

Pascal Chambon

Bonjour Antoine,
Fascinant de voir combien avec des jeux de mots dignes de l’almanach Vermot, certains évidents mais d’autres que l’on doit débusquer par une seconde lecture plus attentive encore, tu arrives à faire passer des messages d’humanité. Bien joli poème ensuite. Finalement contre les maux, l’amour et le plaisir des mots à partager tout simplement. Bravo l’artiste 🙂

Antoine QUESSON alias quantinosse

Merci pour ce commentaire élogieux qui me touche. Ces maudits mots dits sont importants, efforçons-nous de positiver et si quelque chose cloche… Dans tous les cas…rions.

Juliette Derimay

Merci Antoine, j’avais les coins des lèvres attirés vers le haut durant toute ma lecture ! Mais attention, du sourire, pas du rire, par respect pour la finesse des jeux de mot !

Antoine QUESSON alias quantinosse

TANDEM.

Un regard ému
Pour cet étranger, cet exclu
Seul, divaguant dans la rue,
Le monde serait moins tendu.

Des mots doux que l’on se dit
Qui égaient notre vie,
Des cœurs qui battent, très épris,
Tandis que d’autres jouent leur survie.

Tendu, tandis, tant d’on, c’est la vie même,
Parfois tant d’eau, supplice extrême,
Alors pour écouter, partager, montrer qu’on aime,
Partons à la rencontre en tant d’AIME.

Antoine, alias quantinosse

Juliette Derimay

Merci Antoine pour ces quelques vers limpides, ces quelques recommandations essentielles en nos jours d’abus d’essences, pour nous remettre sur le bon chemin. En attendant le temps d’AIME…

Annette schuffenecker

Mon ami, Grace à ce livre trouvé nous allons rêver de ces contrées éloignées et modernes si différentes de notre quotidien.
Ce livre nous explique que tous ces gens ont une grande maison,gagnent et dépensent l argent dans un tourbillon de contraintes.Dorment dans des hôtels étoilés, mangent sans compter….tout cela au milieu d une indifférence totale.
Moralité un monde moderne performant qui court après le temps sans jamais regarder autour se soi.
A la fin de notre lecture ce beau livre plein de belles images nous à déplu fortement il y manquait l essentiel, la chaleur de l être humain.
mon ami et moi avons conclus et réalises qu’on n’a jamais été aussi heureux qu’avec ce minimum vital qui est nous
= toi et moi mon ami.
S’endormir heureux et avoir hâte d’être le lendemain pour se retrouver
Se lever heureux d être ensemble
Ce voyage en rêvant est un retour à l’essentiel et on apprécient notre vie dans tout ce qu’elle a de plus simple.et de profond
L AMITIÉ

Juliette Derimay

Amitié, partage, simplicité… Et tout ça autour d’un livre. Merci, annette, de nous faire revenir à l’essentiel.

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